Francesco Lupicini (Florence 1590-1656 Saragosse) - Lot 236

Francesco Lupicini (Florence 1590-1656 Saragosse) Marie-Madeleine pénitente Huile sur toile 74,5 × 63,5 cm. (restaurations et rentoilage récents) Oeuvres en rapport : - Marie-Madeleine pénitente, huile sur toile, 49 x 38 cm., Palmer Art Museum, Pennsylvania State University, inv. 2019.14 - Marie-Madeleine pénitente, huile sur toile, 50,3 x 59 cm., vente Christie's Londres 3 décembre 2008, lot 218, vendu 103 250 £, localisation actuelle inconnue - Apothéose de Marie-Madeleine, huile sur toile, 50,3 x 59 cm., vente Porro Milan, 14 mars 2019, lot 41, vendu 47 120 €, localisation actuelle inconnue Notre tableau est une poignante redécouverte de ce rare peintre florentin qui s'installa en Espagne, où il développa une synthèse entre grâce florentine et expressivité hispanique. Lupicini est un de ses artistes de grand mérite dont le souvenir fut toutefois englouti par l'oubli : Filippo Baldinucci (1625-1696), le biographe de l'école florentine, oublie d'ailleurs de le mentionner dans ses Notizie, de 1681. Sa carrière est aujourd'hui mieux connue grâce à des études récentes, notamment de Mme Francesca Baldassari. Formé dans le sillage de Lodovico Cigoli et de Cristofano Allori à Florence, il développe un style marqué par un dessin rigoureux et une palette restreinte. Il œuvre pour la Sainte Église, notamment pour l'Ordre des Carmes, en leur église Santa Maria del Carmine à Pistoia ("La Chute de la manne dans le désert", 1625). Un de ses chefs d'oeuvre, datant vers 1625, "Marie se faisant réprimander par sa soeur Marthe", fut acquis par son confrère Nicolas Régnier, puis par l'archiduc Léopold-Guillaume de Habsbourg, lequel tableau fit l'objet d'une publication dans le fameux "Theatrum Pictorium" de 1660 (aujourd'hui conservé à Vienne, Kunsthistorisches Museum, inv. GG-364). Évoquant un tempérament difficile, certains documents rapportent des relations tendues autant avec les commanditaires qu'avec ses confrères artistes, qui explique peut-être son choix de s'installer en Espagne. Vers 1630-1635, il s’installe à Saragosse, où il réalise notamment un retable majeur pour la chapelle de Sainte-Hélène à la cathédrale de La Seo, toujours en place. Lupicini devait avoir une dévotion particulière pour Marie-Madeleine, figure de sensualité et de rédemption, qu'il a représenté à au moins cinq autres reprises dans des postures différentes (cf. œuvres en rapport). Notre version est, à ce jour, celle qui bénéficie du format le plus généreux. Il devait solliciter le même modèle féminin dont la physionomie particulière (front haut, nez fin, petite bouche un peu pincée) se retrouve dans de nombreuses compositions, notamment dans "Marie se faisant réprimander par sa soeur Marthe" (cf. supra) et "Suzanne et les vieillards" (ancienne collection J.E. Safra, sa vente, Christie's Londres 6 juillet 2023, lot 24, localisation actuelle inconnue). Nous remercions Mme Francesca Baldassari, spécialiste de l'artiste, de nous avoir confirmé l'attribution dans un écrit en date de juillet 2025. Expert : Pierre-Antoine Martenet