SAINT-DOMINGUE. 21 L.A.S. de Louis GUÉRAULT... - Lot 249 - Rossini

Lot 249
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SAINT-DOMINGUE. 21 L.A.S. de Louis GUÉRAULT... - Lot 249 - Rossini
SAINT-DOMINGUE. 21 L.A.S. de Louis GUÉRAULT à sa sœur, Mme veuve Bazin puis Mme Sauger, à Bourgespuis à Tours, 1792-1805 ; 90 pages in-4, quelques adresses (bords effrangés et déchirures à quelques lettres). Intéressante correspondance sur les troubles à Saint-Domingue et l'évolution de l'attitude d'un colon français et journaliste. Les lettres sont écrites de Saint-Marc, Philadelphie, le Cap français, Santiago de Cuba. Il y est question de l'assemblée coloniale, de l'arrivée de troupes, et du décret de la liberté générale : « Nous ne reconnoissons, a dit M. de Polverel [commissaire civil de la République à Saint-Domingue], dans St Domingue, que deux especes d'hommes, le libre et l'esclave et nous mourrons plutôt que de souffrir que ce dernier reste longtemps dans létat criminel d'insurrection ou l'ont poussé les ennemis de la revolution. Nous voila enfin sauvés, chere amie, et il y a lieu de croire que nous ne serons plus asses sots pour servir les projets des contrerevolutionnaires car […] ce n'est point la philantropie qui a causé nos malheurs. Interroger les negres revoltés ils ne parlent que du roi qui disent-ils n'est pas libre » (4 octobre 1792)… Comparaison entre leur journée du 19 octobre avec le 10--Août : « Ah ! ça ira, ca ira »… Violences et espoir de voir rétablir l'ordre, surtout après le départ de Blanchelande, le gouverneur… Prière de faire intervenir les parents auprès de députés, pour qu'il obtienne un poste administratif… Après un séjour à Philadelphie, il revient au Cap en 1798 pour s'informer des affaires de sa sœur et de ses intérêts vis-à-vis de sa belle-famille, Bazin-Delongval. Il songe à regagner la France en investissant dans des caféières. « Tu sais combien j'aimais ce pays et tu dois juger par ma determination de ce quil est aujourd'hui » (25 brumaire VII, 15 novembre 1799)… Car le pays est perdu, le mal sans remède : « Il a peri 20 mille hommes depuis huit mois et nous sommes dans un état bien plus allarmant depuis deux mois surtout. L'insurrection qui n'était que partielle, commence a devenir generale. Tout est brulé, ravagé, devasté : les noirs ne se battent plus pour la liberté, c'est en hommes desesperés qu'ils combattent et tout devient la proie de cette fureur aveugle. On ne peut pas sortir a trois lieues en plaine sans courir les risques d'être enlevés, et nous serons bientôt renfermés dans les villes »… On a tué les sentinelles aux portes du Port-au-Prince, le Sud vient de se soulever, et « tout ce pays n'offrira bientôt plus que des cendres » (5 vendémiaire X, 27 septembre 1801)… Découragement des troupes, égorgement du beau-frère de sa sœur, anéantissement de l'armée par la maladie, attente de troupes fraîches pour reprendre le pays aux brigands noirs et jaunes… Il faudrait des moyens considérables pour arracher les propriétés de sa sœur « a la fureur de ces monstres africains » : il faudra en faire le sacrifice, car « sans esclavage il n'y a pas de colonie », c'est « une guerre a mort, une guerre de destruction qu'il reste a faire » (11 brumaire XI, 2 novembre 1802)… à nouveau expatrié à Cuba, il s'en repent, et pourtant il serait probablement mort à Saint-Domingue : « Tous les malheureux blancs qu'une confiance aveugle, la misère, ou l'ambition avaient déterminés a y rester, ont été tous massacrés, à l'exception des femmes qui se vendent depuis 10 jusqu'à 100 gourdes suivant leur age, pour servir comme esclaves, ou etre employées a satisfaire la brutalité d'un congo ou d'un arada. Voila le fruit des brigandages des généraux qu'on nous avait envoyé - il n'y a pas de doute qu'ayant livré St Domingue avant autant de moyens qu'ils en avaient, ils ne fussent de la conspiration qui voulait renverser le gouvernement actuel de France, il n'y a que quelques mois » (10 juin 1804)… Et pourtant, il refusera toujours la médiocrité de la vie en France…
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