Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU... - Lot 85 - Rossini

Lot 85
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Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU... - Lot 85 - Rossini
Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de MIRABEAU (1749-1791) le grand orateur des débuts de la Révolution. Manuscrit avec additions et corrections autographes, [mars 1790 ?] ; 36 pages in-4 composant la partie A puis 16 pages pour la partie B. Importants fragments d'un long discours sur l'abolition de la traite des noirs, de la main de son secrétaire (on relève des notes sténographiques au crayon dans les marges), mais avec d'abondantes additions et corrections autographes. Ce manuscrit se rattache au discours préparé par Mirabeau et non prononcé lors dans la séance du 8 mars 1790 consacrée aux affaires des colonies. Mirabeau prend la défense de la société des Amis des Noirs, dont « le noble vœu est de propager la liberté », et des abolitionistes, mais précise qu'il faut discuter avec ceux qui vivent des commerces avec les colonies : « Les colons vous diront encore que les amis des noirs appartiennent à une association mystérieuse répandue sur toute la terre et confédérée avec des charlatans ou des illuminés » ; il ne faut pas céder à ces « défenseurs d'un commerce odieux » : il ne faut voir dans leurs menaces de contre-révolution que « le délire de l'intérêt personnel ». On ne peut cependant comparer le système anglais avec le français, car « le produit de nos isles est infiniment plus important, et tellement qu'après nous avoir approvisionnés, nos commerçans font payer un excédent considérable de leurs productions, dans l'étranger […] Les isles britaniques renferment à peine neuf à dix millions d'habitans ; et la France en contient vingt cinq millions ». Les Anglais consomment presque toute leur production, n'envoyaant à l'étranger que les « quantités méprisées dans leurs isles », soit 1/10e de leur production. En France c'est le contraire, et Mirabeau constate : « Plus une nation consomme chez elle, plus sa richesse est grande et son commerce fécond ». Il faudrait augmenter la population noire des îles autrement que par la traite. Il démontre que le système mis en place, aussi absurde que cruel, n'est absolument pas productif, et que tout le monde aurait à profiter d'un traitement plus humain des populations noires. « Comment absoudre la traite des nègres de tous ces crimes qu'elle commet en Affrique ? Si les hommes n'y étoient pas une marchandise qui s'exporte au dehors pour ne plus reparoître sur leur terre natale, les princes de ces contrées se livreroient-ils à tant d'atrocités ? ».. Il dénonce vigoureusement « cette effrayante stérilité qui fait ressembler nos isles à des théâtres d'exécution à mort, plutôt qu'à des demeures d'hommes destinés à la vie ». Les colons qui traitent les esclaves comme des bêtes font un mauvais calcul, c'est comme « la course extraordinaire qu'on exige des chevaux à grands coups de fouet », au lieu de profiter de leur allure naturelle pour gagner autrement. Cependant les colons ne sont pas prêts à franchir le pas, car ils se livrent « dans leurs dépenses à une prodigalité qui anime les affaires et qu'ils ne pourroient pas se permettre si les nègres, mis au rang des hommes, nous imposoient la loi sociale de ne pas leur faire ce que nous ne voudrions pas qui nous fût fait »… On relève cette longue addition autographe, à propos de la théorie qui motive la traite des nègres : « et que l'on cache vainement sous une prétendue nécessité d'employer des Africains sur le sol de nos isles. Horrible et fallacieuse nécessité dont on fait honneur à la nature comme si elle avoit créé l'esclavage ! Comme si elle avoit destiné un certain peuple à creuser sous le fouet de quelques bourreaux des sillons dans une terre éloignée de 1500 lieues de leur sol natal. Et qu'on ne dise pas que je calomnie les colons en leur faisant justifier par de tels motifs la nécessité de la traite. Il suffit d'analyser avec attention tout ce qu'ils accordent dans leurs plaidoyers pour découvrir le secret de cette barbare théorie »…Mirabeau approfondit cette réflexion dans la partie B qui compte 39 corrections autographes, soit plus de 25 lignes de la main de Mirabeau : « Pourquoi la civilisation ne feroit-elle pas les mêmes progrès en Affrique ? pourquoi les arts n'y contribueroient-ils pas au bonheur de ses habitans si ce n'est parce que le commerce des esclaves s'oppose à toute civilisation, étouffe les arts dans leur berceau ? ils sont enfans de la paix et de la sécurité, et la traite allume sans relache dans chaque homme le désir de s'armer pour ravir la liberté à son voisin à son frère ; elle convertit un continent immense en un théâtre sanglant de guerre, de cruauté, de perfidie, de spéculations sordides pour alimenter un trafic qui outrage l'humanité. Oui : tant que la traite des nègres subsistera, l'Affrique languira dans le même état de dégradation et de misère ; dès que les nations commerçantes et civilisées auront renoncé à cet affreux brigandage, elle tendra nécessairement à la civilisation et au bonheur »… Etc.
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