Jacques-Nicolas BILLAUD-VARENNE (1756-1819) conventionnel (P - Lot 611

Lot 611
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Jacques-Nicolas BILLAUD-VARENNE (1756-1819) conventionnel (P - Lot 611
Jacques-Nicolas BILLAUD-VARENNE (1756-1819) conventionnel (Paris), membre du Comité de Salut public, il fut déporté. L.A.S., 27 floréal XIII (17 mai 1805), à son père ; 7 pages in-4. Longue et très intéressante lettre de son exil en Guyane, sur le décès de sa mère, les épreuves qu'il a traversées, ses affaires, ses esclaves, sa vie en Guyanedepuis qu'il a refusé la grâce accordée par Napoléon en 1800, où il vit modestement en tant qu'agriculteur auprès de sa compagne guadeloupéenne… La première partie de la lettre, d'un ton tendre et respectueux, est consacrée au décès de sa mère que son père lui a appris dans sa dernière lettre : il exprime tout son chagrin, « Les désagréments qui m'avaient assailli depuis dix-huit mois semblaient me présager un malheur infiniment plus amer et plus accablant ». Il réconforte son père, et refuse tout héritage, et ne voulant pas priver son père d'un quelconque revenu : « assez et trop long temps j'ai été à votre charge, pour qu'aujourd'hui je me dispense de restreindre vos facultés. Le fils qui a des bras et qui est capable de dépouiller son père et sa mère, quoique autorisé par le droit écrit […] est selon moi un barbare qui outrage la nature et qui déshonore l'humanité. […] Je ne suis pas riche sûrement ; et je crois avoir prouvé que mon ambition ne fut pas celle de la fortune ». Il ne réclame que l'affection de son cher papa, qu'il supplie de ménager sa santé… Quant à son infortuné frère Henri, qui ne s'est pas marié et qui a eu des enfants avec unne femme de couleur : « ils ne peuvent dans aucun cas troubler votre tranquillité, car il est contre les lois des colonies de pouvoir légitimer de pareils enfants.Tout ce qui est permis de faire en leur faveur ; c'est, s'ils sont tous nés en esclavage, de leur donner la liberté et de leur léguer des portions du bien dont on jouit dans la colonie où l'on réside seulement »… Il se félicite quant à lui de ne pas avoir d'enfants : « j'ai été dans ma vie en butte à tant de revers » ; et il rassure son père sur son sort. Il a d'abord pâti du nouveau régime mis en place dans les colonies, qui l'a laissé dans la gêne la plus embarrassante : sa ferme de Dorvillier, dont il voulait se porter acquéreur, a été résiliée comme toutes les autres : il a perdu toutes les dépenses qu'il avait eu la folie de faire sur ces terres ; il a dû s'acheter un autre domaine, « de sorte que tandis que la ressource de ma ferme me manquait, il m'est survenu un surcroît de dépenses, tant pour l'achat de mon nouvel asile, que pour l'acquit des nègres nécessaires à sa culture ». Il acheté le terrain nu ce qui représente une pénible entreprise, « mais le travail ne me fait pas peur ». Il a dû attenter un procès à un occupant illégal qui avait profité de l'abandon de la propriété pour en envahir la moitié ; il s'est avéré que le vendeur n'avait pas en fait le droit de la lui vendre, et il s'en est suivi un second procès. De plus il avait laissé à Dorvillier un économe auquel il avait confié ses biens : « il s'est entendu avec les nègres et ils m'ont volé presque toute ma récolte ». Il a néanmoins réussi à triompher de toutes ces contrariétés et pertes : les deux procès ont été jugés en sa faveur, et il est depuis 4 mois « paisible et immuable possesseur de la totalité de mon hermitage »… Il procède à diverses transactions avec les « nègres concédés par le gouvernement », en revendant certains, en achetant d'autres, etc. ; il a payé le coût entier de son habitation, et acheté dix têtes de bétail, car il a de très bons pâturages... Si l'on joint la valeur de ses esclaves à la valeur du terrain et de l'habitation, il parvient à équilibrer à peu près son budget. En outre sa situation est très agréable, le paysage fort joli, bien qu'il ne soit qu'à trois lieues de Cayenne, et la vie facile grâce à l'abondance du gibier et du poisson : il est aussi bien « qu'on peut l'être dans un pareil pays »… Il informe de plus son père de sa situation de couple : « j'ai avec moi depuis huit ans une ménagère à qui je dois la prolongation de ma triste existence, par les soins inouïs qu'elle a pris de moi […] aussi dès que le retour de l'esclavage est arrivé, l'ai-je achetée et payée comptant ; et lui ai-je donné de suite la liberté. Je ne présume donc pas que ma famille puisse trouver mauvais, après les services que cette fille m'a rendus, et qu'elle continue à me rendre journellement, par l'ordre et l'économie qu'elle fait régner dans la maison, et par la surveillance et la bonne tenue qu'elle maintient parmi mes nègres, que je tâche de la soustraire à la misère, en cas qu'elle vienne à me perdre, en lui assurant la jouissance du bien […] qui lui revient bien légitimement, ayant pour le moins autant contribué que moi, par ses travaux, à la gagner »… Il regrette que les distances et la guerre l'aient tant éloigné de son cher papa, « puisque depuis dix ans depuis que j'habite cette colonie, il ne m'est encore parvenu de vous, que neuf lettres », il fait des vœux pour sa
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