Un groupe fondu par la maison Sazikov

Frais compris : 123 750 euros.
Pavel Sazikov, Cavalier ottoman,
argent, poids 10,3 kg, h. 39,5, l. 41 cm.

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La patine inhabituelle de ce groupe s’explique par le fait qu’au lieu d’être en bronze, il est en argent. Cette qualité intrinsèque – 10,3 kg de métal précieux – concourait au résultat obtenu, 99 000 euros d’après une estimation haute de 18 000. C’est le plus haut prix obtenu pour le nom figurant en cyrillique sur l’un des poinçons, “Pavel Sazikov” (source : Artnet), même si de plus hauts montants ont été relevés pour d’importants ensembles d’orfèvrerie portant cette marque... Car il ne s’agit pas d’un artiste mais du nom d’un marchand, et plus tard d’un de ses petits-fils, fondateur à Moscou en 1793 d’un des plus anciens ateliers d’orfèvrerie russes. Les affaires semblent florissantes puisque dès 1810, on parle de manufacture pour désigner l’entreprise. Son fils Ignatii (1796-1868) lui succède et, poursuivant sur la lancée paternelle, ouvre en 1842 une succursale à Saint-Pétersbourg, à une époque où la demande pour des pièces inspirées non plus de la tradition européenne, mais de celle de Russie, est en forte augmentation. En 1846, la maison obtient le titre de fournisseur de la cour et, de fait, le droit de faire figurer à côté de son nom l’aigle impériale bicéphale. Au décès d’Ignatii, ses trois fils prennent sa suite, Sergei et Pavel s’occupant de la branche moscovite et Valentin, de la pétersbourgeoise. Cette dernière ferme ses portes en 1877 et dix ans plus tard, les ateliers moscovites sont repris par Ivan Khlebnikov, orfèvre ayant obtenu un succès international avec des pièces en argent cloisonné émaillé. Cette technique est aussi maîtrisée chez Sazikov, dont la production reflétera, durant près d’un siècle, les évolutions du goût de la clientèle russe. L’entreprise a bien entendu couvert toute la gamme de produits, depuis les petites boîtes à usage quotidien jusqu’aux plus opulents services à thé et café. La sculpture figure également à son palmarès. Reste à identifier l’auteur de notre cavalier. L’acheteur a sans doute une idée...

<b>Gazette n°18 du 10 mai 2013</b>