Redécouverte d’un rare tableau de Grégoire GUERARD ! Vente le 26 novembre 2020


GUERARD Grégoire

Actif entre la Champagne et la Bourgogne de 1512 à 1538.
Sainte Catherine d’Alexandrie
Huile sur panneau. Noyer.
Légendé autour de l’auréole :
KATHERINA VIRGINUS.
En bas à gauche : les armoiries de la famille Vienne - Dinteville.
Au revers : Saint Christophe et l’enfant Jésus.
Grisailles (manques et accidents dans les fonds et la partie inférieure ; taches)
H. 91 – L. 54,8 cm
60 000 / 80 000€


 

Bibliographie :

1 - Peindre à Dijon au XVIe siècle. Matthieu Gilles. Trois nouveaux panneaux de Grégoire Guérard, reproduit pp. 198 – 201 (Silvana Editoriale 2016).

Pour Matthieu Gilles le blason, mi-parti, à dextre, de gueules à l’aigle d’or, et à senestre écartelé, d’azur aux léopards d’or au 1 et 4, et d’azur à la croix d’or, cantonné de dix-huit billettes d’or aux 2 et 3, « est celui des Vienne, l’une des plus importantes familles bourguignonnes associée aux Dinteville ». L’auteur précise : « On retrouve exactement le même blason sur les tapisseries héraldiques du château de Commarin, commandées pour célébrer le mariage, en 1500, de Girard de Vienne (1470 ? – 1545), conseiller et chambellan de François Ier, seigneur entre autres de Ruffey, de Commarin et de Bouze (sans doute Bouze-lès-Beaune), avec Bénigne de Dinteville » (pp. 200 – 201).

2 - Peindre à Dijon au XVIe siècle, Frédéric Elsig. II. Sous François Ier, pp. 136 -137 (Silvana Editoriale 2016).

3 - Frédéric Elsig, Grégoire Guérard, reproduit p.51, fig. 98 & 99 ; n° I. 29 du catalogue, p. 133, où sont reproduites côte à côte les deux faces du panneau (Silvana Editoriale 2017).

L’auteur indique que ce panneau double-face « constitue de toute évidence le volet droit d’un triptyque dont les autres éléments nous sont inconnus à ce jour ». Il émet l’hypothèse que ce triptyque, commandé par Girard de Vienne et son épouse Bénigne de Dinteville, serait celui de la Vierge à l’Enfant avec Saint Jean-Baptiste de l’église Saint-Baudèle de Plombières‑lès‑Dijon (I. 28, p.133 du catalogue).

Comme Matthieu Gilles, Fréderic Elsig rapproche la Sainte Catherine des deux volets du musée de Budapest : Sainte Catherine et sainte Barbe (1520), mais en raison d’ « une écriture plus souple qui s’inscrit dans la phase maniérée qu’amorce Grégoire Guérard autour de 1525 » il les date vers 1527 – 1530.

Sur Grégoire Guérard, peintre d’origine hollandaise, dit « parent d’Erasme de Rotterdam » par Pierre de Saint-Julien de Balleure (1581), actif à Troyes (vers 1512), en Bourgogne (vers 1515), présent en Italie (peu avant 1518), puis de retour en Bourgogne (1518 – 1530) et à Troyes (1531 – 1538), on se reportera au catalogue de l’exposition « François Ier et l’Art des Pays-Bas » (Paris, Musée du Louvre octobre 2017 – janvier 2018. Sous la direction de Cécile Scailliérez ; n° 127 à 138, pp. 352 – 374 ;  notice biographique de Frédéric Elsig p.432).

 

Histoire d’une redécouverte.

Longtemps resté dans l’ombre, Grégoire Guérard, peintre hollandais nourri des influences italiennes de la Renaissance et actif dans la Bourgogne du XVIème siècle, est aujourd’hui mis en lumière et reconnu comme l’un des tous premiers « romanistes hollandais ».
Cette redécouverte historique ne tient pourtant qu’à un fil. Elle est due au travail minutieux et érudit d’un groupe de chercheurs mené par Frédéric Elsig.
Au départ, des œuvres éparses regroupées tout au long du XXème siècle au sein d’un corpus attribué au « Maître du triptyque d’Autun ». Puis le nom de Grégoire Guérard, peintre hollandais actif à Troyes, qui est découvert dans trois maigres documents d’archives du XVIème siècle.

D’un côté des œuvres présentant des similitudes, et de l’autre un peintre dont on ignore presque tout, comment faire le lien ?

Le rapprochement s’effectue en 2005 à partir de l’un des documents, un contrat de commande passé auprès de Grégoire Guérard pour une œuvre alors attribuée au « Maître du triptyque d’Autun » : les volets du retable de Saint-Léger-sur-Dheune. A partir de là, la biographie de ce peintre énigmatique va alors être progressivement reconstituée. Aujourd’hui, un ensemble de 42 peintures et vitraux sont attribués à la main de Grégoire Guérard.

Cette formidable redécouverte, fruit d’un travail scientifique d’une grande précision, a été mis en lumière sur les cimaises du Louvre à l’occasion de l’exposition François Ier et l’art des Pays-Bas.

« L’exposition du Louvre a fait entrer Grégoire Guérard au Panthéon des grands peintres », confiait Frédéric Elsig à cette occasion.

L’œuvre présente dans notre vente, Sainte Catherine d’Alexandrie, intègre ainsi le catalogue raisonné très fermé des œuvres de Grégoire Guérard, peintre longtemps oublié qui compte aujourd’hui parmi les peintres de tout premier plan de la Renaissance française sous le règne de François Ier.